Circuit Turquie : On a testé la route des vins turcs !
Bienvenue sur la « route des vins de Thrace », « Trakya Bağ Rotası » , à l’ouest de la Turquie. Nous avons testé ce circuit créé en 2014 par les vignerons locaux, pour mettre en valeur une tradition millénaire, ainsi que le patrimoine et les paysages de cette région située entre la mer Egée, la Mer Marmara et la mer Noire.
De la côte Marmara à Edirne, loin des destinations populaires
L’itinéraire que nous avons emprunté ne se trouve pas dans les régions les plus touristiques de Turquie que sont la Cappadoce, Bodrum, Antalya ou la mer Noire. Nous sommes passés dans la région frontalière de la Grèce et de la Bulgarie , lors de notre Tour d’Europe.
À 250 km d’Istanbul
Bien qu’à l’écart du tourisme international, elle dispose aussi d’un littoral, celui de de la Mer Marmara, d’un patrimoine hérité des civilisations antiques et d’un terroir viticole. Guerre de Troie, épopée d’Alexandre Le Grand, conquête de Constantinople, de grands chapitres de l’Histoire se sont joués ici.

“Trakya Bağ Rotası”, la route des vins turcs
Ce circuit inspiré par la routes des vins tel qu’on en trouve en France et en Italie s’étend de la côte Marmara jusqu’à Edirne, en passant par trois sous régions (Gelibolu, Sarkoy, Tekirdag et Kirklareli). Il vise à promouvoir la région et son terroir viticole.
La promotion de l’alcool : une interdiction en Turquie
Il faut aussi savoir que cela constitue une parade, initiée par des vignerons indépendants face aux restrictions sur la vente et la promotion de l’alcool, instaurée en 2013 par le gouvernement. Depuis ce jour, tous les vignobles en Turquie ont dû cesser leurs activités de marketing.

Le vin de Thrace
Si la présence d’une route des vins en Turquie pourrait surprendre, il faut savoir que, plus de 2000 ans avant notre ère, les Thraces endossaient une drôle de réputation. Peuple belliqueux, ils aimaient la guerre et avaient, paraît-t-il, l’habitude de boire le vin non dilué. Une pratique que Grecs et Romains considéraient comme barbare ! Tout cela pour dire que la vigne actuelle à beau être jeune (une quinzaine d’année), la réputation des vins en Thrace puise bel et bien ses racines jusque dans les profondeurs de l’antiquité
Un itinéraire touristique initié par des vignerons indépendants
Grâce à cet itinéraire, les producteurs ont eu l’idée de « vendre » un terroir, histoire de rester dans les limites de la légalité. Une carte touristique répertorie les vignerons, mais aussi les activités au bord de la mer ou en forêt, les restaurants, les musées, et les endroits où loger.

Comment se procurer la carte touristique de la Route des vins ?
Les vignobles ne sont pas indiqués pour respecter la législation en vigueur, se qui les rend difficile à trouver. La brochure et la carte « Thrace Wine Road » sont disponibles en anglais dans les bureaux de tourisme de la région ou sur internet.
Ipsala – Cap sur Kirklareli, 145 km (Jour 1 & 2)
La route historique des vins de Thrace
Nous mettons le cap sur la région la plus au nord et dans les terres, Kirklareli. Nous bivouaquons à des endroits qui vous semblent propice, mais souvent on nous le propose. Pour les services, c’est toute une aventure ! Vous pourrez compter également sur les locaux, et sur les stations services pour l’eau.
C’est vraisemblablement la route historique des vins de Thrace, qui remonte au nord-ouest en direction du massif montagneux de Strandja à la frontière de la Bulgarie et vers la mer noire.
Des vignerons sur la côte Marmaraa
Sur la côte de la mer Marmara et la péninsule de Gelibolu (lieu de mémoire de la la bataille des Dardanelles en Turquie), plusieurs vignerons sont installés : Château Kalpak, Melen, et Gulor, Gali, Sulva. Nous ne nous y sommes pas rendus ayant choisi de mettre le cap dans la région de Kirklareli .
Chamlija, une famille Vigneronne
Ayant pris un chemin de traverse… nous arrivons presque par hasard à Büyükkaristiran, un petit village de moins d’une centaine d’âmes.
Nous débarquons sur une place centrale surplombée d’une imposante statue, bordée par quelques modestes cafés où les habitués ont de prendre leur thé.

Les Köfte, spécialité turc
Après avoir dégusté les Boulettes, chez Selçuk, « the master of the meetball » (le spécialiste de la boulette). Nous nouons rapidement le contact avec le gérant. Il nous évoque, en « turquanglais » le village et les exploits de Mustafa Kemal Pacha dit « Ataturk ».
Ataturk, le père de la nation turc
Fondateur et premier président de la République de Turquie de 1923 à 1938. Les gens d’ici en sont très fiers : pas une habitation, une façade de magasin, un drapeau, un tableau sans l’image de celui qui est considéré ici comme le « père de la nation » turc. Sous sa présidence, la Turquie a engagé des réformes laïques, donné le droit de vote aux femmes dès 1934 et encouragé justement la replantation de vignobles pour dynamiser l’économie.

Nous posons la questions des vignobles à Selçuk, qui nous présente aussitôt « Madame Arzu », comme il la désigne poliment. Belle-fille de Mustafa Chamlija, elle gère la boutique de ce vigneron située en face de la rue.
Elle nous propose une visite du domaine, dès le lendemain matin. On vient de comprendre. Pour découvrir au mieux la route et ses vignobles, rien de tel qu’un bon vieux « bouche à oreille » !

Sur les pentes du massif de la Strandja.
Les vignes sont plantées dans huit villages environnants pour profiter des différents aspects du terroir à 400 mètres du niveau de la mer, sur le début du massif de la Strandja. Le sol argilo-calcaire offre un environnement propice où s’épanouissent différents cépages.

Des cépages internationaux et locaux
Installée depuis 2007, la famille Chlamija cultive différents cépages internationaux (merlot, cabernet-sauvignon, cabernet franc, Malbec) sur 85 hectares. Mais on trouve aussi des cépages locaux parmi le narince, l’öküzgözü ou le papaskarasi. Ils travaillent étroitement avec les producteurs de vins bordelais pour gagner en qualité.
Dégustation de Vin
La suite se passe au sein du village dans un petite cave improvisée au rez-de-chaussée d’habitation. Le vin y vieillit en fûts de chêne (Bordeaux !) ou dans des réservoirs en acier inoxydables.
Une jeune oenologue, Selin, nous guide dans la dégustation. Nous évoquons la difficulté pour les producteurs depuis les lois de restriction sur l’alcool et sa promotion. Pas facile de vendre du vin sans parler du produit !
La production se vend beaucoup par bouche à oreille au niveau local. Pour le reste, tout le réseau compte sur cet itinéraire pour susciter la curiosité de la clientèle étrangère et d’Istanbul.

Avec internet, cela va vite, d’autant que nous sommes à 250 kilomètres de la capitale. La maison a également un atout, une forme de marketing très distinctive de part ses belles étiquettes, réalisées par la fille du propriétaire.
Büyükkaristiran – Çeşmekolu, 40 km (Jour 3)
A 40 km de là, en empruntant des routes de traverse, nous nous rendons dans un domaine d’un tout autre genre.

Arcadia, du luxe en pleine campagne turc
En 2004, Ozcan et Zeynep Arca – le père et la fille – ont établis le domaine « Arcadia », entre les villages de Çeşmekolu et Hamitabat, situés sur le chemin de la route des anciens vins de Thrace. Chez « Arcadia », le vin rime avec luxe. Il est d’ailleurs proposé dans les grands restaurants du pays.
S’offrir une dégustation de vin
Le coût de fabrication du vin turc et le fait qu’il soit lourdement taxé explique son prix élevé : de 18 à 32 euros la bouteille ! Les dégustations sont gratuites (en principe, c’est interdit par la législation turque) dans le cadre d’une visite ou payante lorsqu’elles sont faites dans un restaurant. Comptez dans ce cas de 15 à 20 euros pour une dégustation.


35 hectares de vignes, un hôtel et un spa luxueux
Le domaine compte 35 hectares, un hôtel spa et un restaurant. Il accueille la riche clientèle stanbouliote ou des étrangers. La quiétude de la campagne se paie chère : de 115 à 170 euros la nuit.
Après une dégustation à 20 euros, des vins très bons, mais chers, nous repartons de ce petit coin de paradis.



Çeşmekolu – Amenetce 40 km
Notre dernière étape s’effectue chez un autre vigneron, dans une autre région inscrit sur la brochure, « Vino Desera » sur la route D020, à Ahmetçe. Les propriétaire sont malheureusement absents.

À une centaine de mètres, se dresse un autre vignoble qui semble quant à lui plus récent. Celui-ci n’est pas mentionné sur la « route des vins » mais nous tentons notre chance. Ici encore, les propriétaires sont absents, mais les employé nous ouvrent les portes du domaine.


Ici, on produit des vins avec des cépage de cabernet sauvignon et cabernet franc principalement. Esat, maître des vins, a été formé aux côtés de l’oenologue français Michel Rolland. Sveltena gère l’entretien de la maison et son mari, les espaces extérieurs. Ils sont moldaves et la première a une expérience dans les vins en Moldavie, autrement réputée.

Ahmetçe – Edirne 73 km, (jour 4)
La suite de notre trajet nous conduit jusqu’à Edirne. Sur notre route, nous rencontrons plusieurs petits producteurs autonomes. Des personnalités et des parcours différents comme celui de Feliz, ancien directeur d’hôpital qui profite de la retraite pour cultiver ses vignes.
Edirne, hors des sentiers battus
La ville fondée en 125 par l’empereur romain Hadrien constitue une formidable fin de parcours pour boucler cet itinéraire dans l’ambiance typique d’une ville turque.
A la découverte de la magnifique Mosquée Selimiye
Nous visitons la Belle Mosquée Selimiye, classée au patrimoine mondiale de l’Unesco. C’est le plus beau monument d’Edirne construit par l’architecte Mimar Koca Sinan. Sa coupole est plus grande que celle de la Mosquée Sainte-Sophie à Istanbul et ses minarets mesurent 71m de haut ! .

Un tour dans le Bazar Ali Pasa
Après avoir déguster du foie de veau frits, nous partons à la découverte du Bazar couvert Ali Pasa . Ambiance typique, scène de vie à la turc, voilà comme nous terminons ce morceau d’itinéraire, hors des sentiers battus, beaucoup trop court ! Cela ne nous laisse qu’une seule envie : revenir voyager plus longtemps en Turquie.

Turquie en Camping-car : infos pratiques
FORMALITÉS
Pas besoin de visa pour les Français et les Suisses pour un séjour de moins de trois mois. Vérifier que votre assurance véhicule couvre la Turquie.
FUSEAU HORAIRE
La Turquie est en avance de deux heures sur la France.
LANGUE
Le turc et pas souvent d’autres langues. Pour se faire comprendre un outil de traduction et une capacité de mime est recommandée !
MONNAIE
La livre turc (Turk Lirasi) 1 euros = 7.11 lires turcs.
COÛT DE LA VIE
Destination très bon marché. Compter : 3 euros pour un plat (9₺ )
Carburant entre 0.82 € (6 ₺) et 0.99 € (7₺)
ROUTES
Axes routiers principales impeccables, certains en cours de construction. Les axes secondaires sont parfois très moyens, mieux vaut avoir le temps de se perdre.
LIMITATIONS
Sauf indications contraires, la vitesse est limitée à 50km/h en ville, 90km/h sur les nationales et 120km/h sur les autoroutes.
HOSPITALITE
Le maître-mot en Turquie surtout dans les zones rurales. Les habitants sont très aimables. Attendez-vous a être invité pour prendre un thé ou un café !
CAMPING
Rien n’est prévu pour un véhicule de type camping-car. Sauf sur la côte (à vérifier). Vous pouvez bivouaquer à des endroits qui vous semble propice ou demander l’autorisation à un particulier de stationner à un endroit si nécessaire. Il est d’ailleurs possible qu’on vous le propose.
Et vous, vous êtes déjà allés en Turquie ou vous avez prévu un voyage bientôt ? Quels sont vos coins préférés et vos anecdotes de voyage ? Dites-le nous en commentaire de cet article ! ? À bientôt pour d’autres road-trips en camping-car !
Texte et photos : Pauline Moiret-Brasier & Simon Daval
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